Marie Berchoud Les silences de la guerre
En-quête
Dans ce polar historique, apparaît en premier Jonas Border, découvert mort par Kahina, l’étudiante qui venait lui faire la lecture à son domicile non loin de la maison natale de Victor Hugo à Besançon, et non loin de l’université. Kahina s’est prise d’affection pour le vieux monsieur, énigmatique et si cultivé. Qui l’a tué, comment ? Et aussi pourquoi, quels secrets y a-t-il encore sur sa singulière lignée ? Il en a dit beaucoup sur le transit Est Ouest de sa famille, et aussi sur les guerres qui ont orienté sa destinée depuis un siècle : la Bérézina et le retour hivernal vers les Alpes, avec une secrète malédiction – peut-être. Ainsi, comment a été créée la Banque Border en 1840, avec quel argent ? Et aussi, pourquoi honore-t-on chaque quinze août une mystérieuse tante Madeleine, avec en prime, un concours de grimaces ? Et enfin, que reste-t-il aujourd’hui. Autrement dit : que faire ? et peut-être : comment se protéger ?
Dans ce polar généalogique, vous découvrirez la vérité d’une famille complexe, mais aussi de la vôtre, peut-être : les héritiers des guerres napoléoniennes sont aujourd’hui des millions.
L’autre est également universitaire, elle a donc pu mener des recherches en archives publiques et privées, toutes nécessaires à la justesse de ce récit.
Marie Berchoud
Une enfance fifties entre ville et campagne, Lyon et la Savoie, puis Paris et la Bourgogne – route vers la Savoie et l’Italie, et autres régions, pays et océans.
Les minéralités persistent, quais lyonnais, chaîne de Belledonne et passage de l’autre côté alpin par Aoste, les points de vue uniques se sont envolés vers le seul refuge qui vaille, la mémoire avec l’imagination. Mon et notre territoire d’exploits courait de la montagne granitique enneigée aux forêts et torrents que franchit le pont du Diable, à la Chartreuse de saint-Hugon (et au futur monastère bouddhiste Karma Ling), puis revenait à la grande maison aujourd’hui perdue avec ses souterrains courant au cimetière et à l’église.
Cette haute maison recelait une secrète mansarde révolutionnaire ouverte d’un oriel sur la forêt, nous nous l’étions attribuée pour nos œuvres et complots d’enfants, j’ai nommé la jacobine – et qui sait d’où vient ce mot navigant à travers les générations vers sa perte ? Les années nous dispersent et recomposent nos alliances, nos vies, le tout en biais disjoints que l’écriture assemble.
Entre temps, faut vivre, chantait Mouloudji, et s’allier, aimer, devenir en évitant les voies trop contraignantes. Travailler, oui, au plus proche de ce qu’on aime et le plus librement possible. Donc études littéraires & linguistiques, et relations internationales avec séjours plus ou moins longs hors de France jusqu’à intégrer l’université. Libre d’elle depuis quatre ans et sans avoir bradé ses ailes. Laissons de côté ce parcours universitaire et les publications subséquentes, pour ne viser que l’ouverture réglée et amplifiée à l’art de voir, dire, écrire, et à partager.
Entre 2004 et 2014, avec quelques complices dont Kosta Batev, peintre, imprimeur, et graphiste (les premières couvertures), elle donne libre cours, le plus libre possible, à son goût des expérimentations textes et images, avec d’abord un site, L’Atelier des sens, et l’expérience d’écriture longue. Récemment un de ces textes flottant au fond d’amazon kdp a été ressorti et commenté par une lectrice inconnue on ne sait comment : À l’ouest extrême du silence il y a des possibilités, écrit au tournant des années 2000 et mis en ligne sur le défunt site, puis chez le squale en 2013.
Ce qui reste aussi, ce sont les chroniques littéraires et de travail, intitulées « Libre erre » sur le défunt site L’Atelier des sens, et désormais distillées sur facebook ; elles reviendront durant cette année 2022 sur un autre site en cours de création.
Libre des universités depuis bientôt quatre ans, avec, outre l’éméritat, la co-création récente d’une association locale discrète pour déployer des initiatives en Bretagne-sud, telles que lectures, ateliers, ventes de livres. On en reparlera si elle survit. En tout cas, Paris s’est fait plus rare, expositions, amitiés, événements divers, pas plus.
En travail actuellement : un livre au long cours traversant nos deux siècles et plusieurs générations, Jonas Border ; un autre sur un ancien militaire de Belle-Île (pour un petit-fils), et des flopées de nouvelles, à laisser reposer pour qu’elles s’affutent et s’accordent. Ou s’effacent.
A participé au #1 de Labyrinthe[s
Publications
Cinq thèmes par ordre de parution décroissant : 1. fins de vie et débuts, adolescence ; 2. Littérature-monde ; 3. Intime et social ; 4. L’amour et l’enfance ? 5. Essais trans-formés
1. Fins de vie et débuts, adolescence
La vieille qui aimait les livres. Roman-hommage à Luis Sepulveda. (AE 2020)
Deux vieux en EHPAD, Gaby et Jules, amoureux dès l’adolescence puis séparés par la vie, les conditions sociales et les métiers, se retrouvent avec leur amour renaissant (et avec / malgré des écarts de séduction). Ils vont révolutionner la vie là-bas, chansons, liberté, jardins…et parfois rhum ambré des Antilles. Inspiré de personnes réelles, car écrire c’est aussi rendre justice.
Un extrait – « Cette nuit, Gaby a vu la lune gibbeuse et rigolote illuminer le jardin en friches (sauf les buis, pff…) c’était magique et la nuit a été douce. Ça y est, les saints de glace sont passés, on peut planter sans risquer le gel. Le jardin en friches jouxte l’aile inhabitée du château, la chapelle en travaux, le dortoir de la communauté, l’apothicairerie où les moines composaient les potions de soin à partir de leurs plantations. Comment faire pour obtenir le droit de s’occuper du jardin ? Elle s’endort avec cette question, et l’idée de trouver des solutions. Elle aurait mieux fait d’y penser la nuit où elle a latté l’Anita. Hélas, ce qui a été ne s’efface pas. Reste à limiter les dégâts, et penser à l’avenir. »
Une fille pas comme les autres. Roman. (AE – 2018)
Ou le malaise et la révolte d’une adolescente d’aujourd’hui et leur résolution, entre quinze et vingt-cinq ans. Le père, absent / présent malgré sa fuite au Brésil avec une jeune personne avantageuse, la mère, femme de devoir et de regrets. La fille fugue à quinze ans et investit la maison de campagne où le destin peut-être téléguidé, sous la forme d’une Italienne perdue, la cueillera pour la laisser pousser les portes de son choix
Un extrait – « Et ce fut avec lui. En pas ouatés il glissa vers le canapé, elle avec lui, dans ses bras. Elle n’avait jamais été dans les bras d’un homme depuis ses quatre ans, jamais été regardée ainsi, personne n’avait murmuré à son oreille Ma petite sauvage, ma lionne… Tout l’or des femmes, est dans Rosalie, et aussi dans Oriane. Elle tremblait déjà de tous ses pores et ses vaisseaux, entre ses cuisses s’ouvrait le feu. Sans cesser de l’embrasser, il l’a allongée, a relevé son maxi-tee-shirt, dégrafé son jean, et commencé à l’éplucher en douceur. »
2. Littérature-monde
Vous venez de loin ? Recueil de nouvelles co-écrit (Peigneurs de comètes – 2017, 4 auteurs)
Et quatre nouvelles longues, ABC des enfants, Tigre 70, Vous venez de loin ? et Vie de singe.
Thématiques :
- – un souvenir d’enfance se révèle trente ans après et il est terrible ;
- – le destin du dernier tigre du zoo de Saïgon (Vietnam) en passe de muer en Ho-Chi-Minh ville et de l’homme jeune qui lui apporta ses derniers kilos de viande fraîche durant des jours avant l’arrivée des bo-doi et le coup de fusil fatal ;
- – autre destin, un petit migrant nord-européen et ses voisins d’errance, puis vingt ans plus tard, la rencontre avec un ex-petite fille blessée de la vie, car ceux qui viennent de loin, kilomètres et douleurs, se reconnaissent entre eux ;
- – le premier boulot à l’usine et ses absurdités pour une fille en rupture de lycée que la lumière des livres et du savoir va toucher un jour. Nouvelle d’abord publiée dans la défunte revue Népenthès en 2012.
Contact de l’éditeur désormais replié sur ses terres basques après avoir été parisien dans diverses revues, voir : http://peigneursdecomtes.unblog.fr/
Un extrait – « Vieux tigre au cœur de verre fracassé béquille doucement de droite et de gauche histoire d’apprécier l’autre en face de biais. Sa souplesse et sa puissance se lisent encore dans les déchirures de sa démarche. Toi aussi tu étais / tu seras… pourrait-il avancer. Mais non. Ou alors jeune tigre ne l’entend pas. Il regarde vieux tigre à se le décomposer. Secret désir de meurtre sous la compassion, et l’inverse aussi, compassion sous le désir de tuer. Si l’autre est mon miroir, pourquoi si minable ? Chercher au fond de son œil vitreux ce reste d’agressive fierté qui éclaterait comme une grenade ouverte, arme et fruit tout à la fois, en désir fou de mourir pour retrouver le paradis – rien, l’œil est opaque, comme calciné » (Tigre 70)
3. Intime et social
7 weeks in Macron’s land. Roman (AE – 2017)
Enquête locale, printemps 2017, démarrée au ressenti sur un phénomène politique curieux et son vécu en lieu villageois votant comme France entière depuis plus de trente ans, mise en fiction pour publication. Les observations sociologiques sont justes : qui vote comment et pourquoi ; les péripéties sont fictionnalisées, et enrichies d’une prise d’otage, d’un chien et d’un semi-malfrat borderline comme il en existe encore dans les lieux reculés.
Un extrait – « Regardez, Béatrice, Mélanie, Jonathan, et le vieux Lordon, ex-maire aux trois mandats, lestés de sa femme tout sourire et racontars. Ils ont des têtes outragées par une insulte personnelle – mais venue de qui ? Une insulte ou une promesse trahie : le progrès indéfini, l’enrichissement perpétuel selon le credo de la IIIe république, père paysan, fils instituteur, petit-fils professeur, puis président de la république, sur le modèle Pompidou ? Ou c’est que la terre ne rapporte plus assez ? Leur confort et leurs besoins ont crû, mais la vie leur a joué un sale tour, elle s’est déplacée ailleurs. Ils ne parlent que pour râler ou proposer d’impossibles solutions miracles, fermer les frontières mais vendre quand même aux autres, sortir de l’Union européenne, démonter les cours mondiaux des matières premières. En quoi ces pro-walkyrie se sentent-ils agressés, au fond ? Ce qu’ils ont cru bon n’est plus : ils lutteraient contre l’obsolescence de leur dignité ? »
Pourquoi épouser ? Une enquête au pays des décisions d’amour. (AE – 2016)
Enquête fictionnalisée sur l’amour et les épousailles ou pas en textes courts au fil des âges de la vie et des évolutions.
Un extrait – « On ne vieillira jamais, la Terre se sera désintégrée avant. On n’atteindra pas trente ans, impossible. Ou alors là tout de suite, sur fond d’éternité. Avec soleil, chaleur, sifflets et chuchotis, cris, pleurs, confidences – les résultats du bac, on y est. Derrière le lycée coule la Savoureuse. Ce nom, oui. On en rit, on continue ; mais le ciel y est offert sur un plateau. C’est clair, on ne vieillira jamais, la Terre se sera désintégrée avant. On n’atteindra pas trente ans, impossible. Bien sûr, on aura vécu quelques escapades, une ou deux grandes belles fugues, l’aventure qui vous plie et déploie — avec cicatrices apparentes pour certains, on devine déjà lesquels : pas nous. Or un jour on épouse. On a épousé, ça y est. Ne pas se retourner – on le fait. Et c’est la fin. De l’innocence. Fin d’amour ou faim affamée ? On ne sait pas, on n’ose savoir, on se dit : pourquoi ? »
4. L’amour et l’enfance ?
Asina Lola. Roman (AE 2016)
Forme atypique pour un monde qui l’est tout autant : autour d’Asina Lola, la fille qui voulait être bête pour échapper aux ennuis et à la famille, on croise des personnages de Star Wars (dont princesse Leia) et Dalia, la jumelle morte de Lola, et aussi une ancienne mannequin vedette, Lena, et La Galline, son amant déjanté, et d’autres, en rupture de ban, tous ancrés de fortune en face les côtes sardes autour de la forteresse légionnaire de Bonifacio.
Un extrait – « Depuis son âge d’école, Lola aime les entraînements au stade, la fièvre de lutter coude à coude, celle de gagner. Elle marche, elle court, elle poursuit des buts inconnus d’elle-même, droit devant, là où elle regarde. Mais que faire quand les buts vous arrivent sans crier gare ? Courir est vain, alors :
– Hé, courir, ce serait pas une drogue, dit Bob, courir quand personne ne te poursuit ?
– Ça coûte rien, donc c’est pas une drogue ! dit Lola en avalant son verre d’eau, puis un autre.
– C’est vrai, fait Bob en jetant un regard vers Annie, on devrait bien faire comme toi, nous deux. Parce qu’on engraisse… (claque sur les fesses d’Annie, debout au bar elle aussi), hein mémère ?! »
Alliance. Roman. (AE 2016)
Ce roman reprend un ou deux personnages du roman Sonia de Petschild (voir ci-dessous) dont l’héroïne est parvenue à l’âge adulte. Elle rencontre Hugo, médecin urgentiste et un autre rescapé de l’enfance. C’est et ce n’est pas une romance, car les protagonistes se reconstruisent en s’apprivoisant et en vivant.
Un extrait – « Parfois ça revient, sans prévenir, ça revient. Il se vit à la troisième personne, un Hugo enfant regarde exister l’adulte devenu médecin. Il connaît le phénomène, il l’a même étudié. Dépersonnalisation ? Repli, plutôt, suspension de l’être jusqu’à reconduction de l’autorisation. Autorisation ? De vivre, continuer. Quand tous les tiens sont le corps cassé dans les tôles, la tête de travers, pour ne rien dire des yeux incrédules et doux, qui es-tu toi qui les regardes, coincé à l’arrière dans ta ceinture dite de sécurité, elle aussi coincée ? Surnuméraire, voilà ce que tu es, oublié du programme de destruction, marginal. On the road again, chantent les uns depuis des dizaines d’années, l’autre a écrit The Road tout court. Cormac Mc Carthy fait écho à Dylan, Canned Heat et Lavilliers. La route ! Elle vous prend, vous essore et vous renvoie dans les buts. Pas les vôtres, ni votre terrain, et le ballon est à inventer, condition sine qua non de vie. Sinon, après quoi vas-tu courir, toi, so cute kid, man ? »
5. Essais trans-formés
À l’ouest extrême du silence, il y a des possibilités. Proésie des fragments, roadtrip. (AE 2013)
Il est difficile à l’auteure encore aujourd’hui de qualifier cet ouvrage, écrit au tournant du millénaire. Laissons la parole à une lectrice récente : « J’ai lu ce livre quasiment d’une seule traite. Parce que quand on débute, on est aspiré. Au départ, on ne comprend pas ce qui nous arrive. Quel est donc ce livre ? Des fragments d’autobiographie ? Des souvenirs comme des grains de sable ? Un flot de mots. Un torrent devrais-je dire, dans lequel il serait aisé de se noyer et d’abandonner. »
Un extrait, l’incipit – « Hamid – Son prénom disait sa langue mère et qu’il fût ancien combattant sa nation. Lorsque les pluies étaient plus longues que les jours sur l’oued et les champs d’orangers, je lui apportais du café chaud dans un bocal en verre et nous demeurions un moment à nous taire et converser, de la paix, la guerre, les gens, les choses, les enfants, chacun les mains dans les poches de son blouson. Doucement ? pas toujours. Allez, allez, Hamid, bois ce café, tu crois que je le fais pour que tu le laisses refroidir ! »
Sonia de Petschild. Roman. (AE 2013)
Situation et accueil contrastés pour ce roman : pour me rendre aux Langues’O, je passais quai Conti devant l’Académie française et un beau jour je l’ai imprimé et déposé à l’attention de Jean d’Ormesson au motif simple que le roman se passait non loin du château de sa famille. Il m’a envoyé un petit mot puis appelée au téléphone et nous avons eu une conversation d’une bonne heure, c’était en janvier 2002. Il était déjà hors du monde car pour la publication, il m’a conseillé de passer rue Sébastien Bottin (devenue rue Gallimard) et de déposer mon manuscrit à la téléphoniste qui le donnerait en direct à qui décide, sic. Telle était son expérience d’il y a… euh, glissons, ça vaut mieux. Le roman s’est fait jeter sept fois, et je l’ai oublié, puis retrouvé et posé là sur son étagère de la bibliothèque borgesienne de l’autoédition sur A. l’alligator.
Un extrait – « Les gens différents ne dorment pas. Assassins, camionneurs free ex-restaurateur comme moi, putes, travestis, policiers, quelques enfants. Seule cette dernière catégorie nous concerne vraiment, n’est-ce pas. Où on est chez nous, au village, c’est l’univers du Milieu, le milieu des maisons. Rien qu’une boîte rectangulaire avec un plafond sur nous, un plancher dessous. Partout autour, les rats. Ils courent sur nos têtes, clip-clip-clip, presque on les voit, leurs petites pattes pointues, leur queue leste, leur envie de croquer tout ce qui traîne. Parfois les rats viennent jusque dans les chambres et mangent les bébés. Ils montent en procession par l’escalier de la cave, silencieux, la queue rangée derrière l’oreille comme une cigarette, les griffes chaussonnées de poussière. C’est pour ça qu’on leur met de la MAR. Ou plutôt qu’on ne leur en met plus. Moi. »