Clément Velluet
Il ne s’agit pas de prendre les mots à leur sens premier, mais au contraire de retirer leur signification, de les vider, de les moduler comme de la pâte, pour n’en garder que leur sonorité. L’art de cette poésie vient de la liberté artistique de prendre les mots pour ce qu’ils sont d’une façon primaire, des sons, des lettres… un enchevêtrement bigarré qui une fois achevé tente de faire vibrer les mots comme des cordes âme. De simples mots sont modifiés, vidés de leur structure grammaticale, pressés comme des tubes de peinture, pour permettre à l’amateur regarder au-delà du voile d’un simple dictionnaire. Il existe de la peinture abstraite. De la sculpture abstraite. Je propose une poésie abstraire en absolu.
L’écriture comme un flux intellectuel parcheminé par des idées, des impressions, des sensations, des représentations abreuvées d’images identitaires. Un élan thérapeutique et vital, une déconstruction chirurgicale qui ruisselle en stylisations, complexions, en fusion, en symbiose des êtres et des choses, où les songes d’une sensibilité multiple éclatent en cristaux poétisés d’une pensée nucléaire démultipliée, réverbérée dans les vertiges du lexique. Un jaillissement primordial où le sujet habillé de peaux métaphoriques est codé, réfléchi, vectorisé par sa propre subjectivité, pour redéfinir son ipséité et, simplement, être.