Arnaud Rodriguez Présence
Boy meets boy
Tu me dis que tu as aimé ce que j’ai écrit. Tu me dis que tu as aimé ce que j’ai écrit suite à ce que l’on s’était dit. Comme une spirale : les mots sur les mots à propos des mots et ainsi de suite. Comme une danse : ça pourrait ne jamais finir. Ou l’amour. Oui, tu me dis que tu as aimé ce que j’ai écrit. Et puisque depuis peu je te sais lecteur de mon journal, comment puis-je alors écrire ? Certes, c’est toujours en sachant qu’il y a quelqu’un, à l’autre bout, ou bien qu’il peut y avoir quelqu’un… C’est un jeu, un frisson parfois, une contrainte sans doute. Qu’écrire chaque jour ? Que choisir dans tout ce que j’ai envie de crier, puisqu’être lu partout, n’est-ce pas un peu crier ? Que choisir de nous que tu ne saches déjà et que j’aimerais retranscrire ? Comment dire ce que l’on ne s’est pas encore dit, ce que l’on ne se dira peut-être pas, et que je pourrais exprimer ici et pas ailleurs, dans l’instant conjoint de mon écriture et de ta présence, alors que tu n’es pas là ? Par exemple je risque d’écrire que tu me manques. Mais n’es-tu pas vraiment là ? Présence, ce pourrait être ton nom, Présence.
• • •
Le 4 juillet 2024, Arnaud Rodriguez présentait Présence à La machine à lire, librairie bordelaise (13-15 rue du parlement Ste Catherine). Voici l’enregistrement de la rencontre.
Critiques et recensions
Nicolas Meunier, « Latence d’une passion », Diacritik, 6 juin 2024.
Arnaud Rodriguez
Depuis 2002, Arnaud Rodriguez témoigne de ce qui l’entoure et de ce qui l’anime dans un journal en ligne, exercice d’écriture longtemps éloigné du je dont les photographies assurent comme la part manquante. Avec la distance et le temps, les images collectées chaque jour se rejoignent et composent des séries laissant apparaître de nouveaux enjeux. Ce regard singulier sur le quotidien est à l’origine de l’invitation de la Fabien Danesi pour l’exposition Les Heures latentes à la galerie Vivoequidem (2013 ; Paris).
Découvrant le Japon en 2011 puis y résidant de 2014 à 2017, ce pays a constitué un terrain d’exploration photographique et littéraire riche. Ce pays est au cœur d’un texte dans le recueil Les Lucioles (Ed. Des ailes sur un tracteur – 2013), des expositions Contrepoints japonais (Nogent-sur-Marne ; 2013), Hikari, en duo avec Ferrante Ferranti au musée d’Aquitaine (Bordeaux ; 2015), Every day, réalisée dans le cadre de KG+, satellite du festival Kyotographie (Kyoto ; 2017) et plus récemment Le Temps d’un souffle (Bordeaux ; 2022) dans laquelle il fait dialoguer ses photographies avec des haïkus. Toujours porté par une pratique quotidienne, la maison où il vivait à Kyoto a donné naissance sur Instagram à la série #home, dont une quinzaine d’images ont été montrées au Mori Art Museum (Tokyo ; 2018) lors d’une collaboration avec le cinéaste Christian Merlhiot. Depuis 2017, d’autres territoires ont nourri son regard : l’île de Lamu au Kenya, la ville d’Arica au Chili, ou encore Bordeaux où il vit dorénavant. Il continue d’explorer de multiples directions en photographie mais également en dehors de cette pratique avec notamment l’écriture d’un texte pour le projet Faire l’amour du chorégraphe Olivier Gabrys (2019) ou la participation au Film des instants de l’écrivain Franck Smith (2020). En octobre 2021, il rejoint le projet Journal intime collectif de Mathieu Simonet. Il s’est dernièrement engagé dans des lectures à voix haute, mises en pratique lors de la performance Dire le Japon (2022) et de la Nuit de la lecture (2023). En 2023, c’est l’artiste Benjamin Begey qui l’invite à porter un regard sur son travail lors d’une Performance en domicile inconnu et d’une résidence avec Olivier Gabrys.